Anatomie d'une chute
- Loris C.
- 18 avr.
- 1 min de lecture
1 mètre 20. C’est la hauteur de la vague qui pointe le bout de son nez dans mon dos. De la plage, ça ne paraît rien. Un jeu d’enfants. Couché sur une planche, c’est une autre histoire. On dirait une gueule géante et affamée, prête à me croquer. Inspire. Expire. Reste concentré. Regarde au loin, la bicoque là-bas, fixe-la, ça va le faire. L’arrière décolle, c’est le moment. Je hisse mon torse, le reste du corps suit. J’y suis. Oui, je m’accroche. Mais ça va vite. Trop vite, je perds mes moyens et mon équilibre à l’instant où mes yeux quittent l’horizon pour se poser juste là, devant. Je tourbillonne comme dans une essoreuse défectueuse, tournant sur moi-même une dizaine de fois. Mes membres se contorsionnent dans des angles impossibles. Le ciel et l'océan se confondent. Je ne sais plus où est le haut, où est le bas. La vague m'avale, me mâche et me recrache. La planche, qui a, contrairement à moi, le sens du spectacle jusqu’au bout, finit sur ma tête. A aucun moment je n’ai pensé à la chute. Ce que j’ai craint, c’était la suite. C’était de réussir à surfer cette vague. Et après quoi ? Voilà la question qui me hantait. Satanée peur ! Non pas de l’échec, mais du succès.
